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ACCORDS DE PARTENARIAT ECONOMIQUE : Mise à niveau des opérateurs économiques de Thiès

Publié le 16 avril 2008

Thiès - Sous la houlette du président de la Chambre de commerce, d’agriculture et d’industrie, les opérateurs économiques de la région de Thiès se sont familiarisés avec les Accords de partenariat économique. C’était lors d’une conférence animée le week-end dernier par Papa Nalla Fall, commissaire aux Enquêtes économiques, sur cette question qui continue de susciter d’âpres débats, notamment au niveau de la majorité des pays africains, qui ont opposé tout dernièrement leur niet catégorique et exigé par ricochet, la remise en question de l’ensemble du dispositif.

Les opérateurs économiques, au grand complet, ont suivi avec un vif intérêt, la conférence introduite par Papa Nalla Fall, brillant expert, par ailleurs fils du terroir. C’était sous la présidence du professeur Serigne Diop, ministre d’Etat auprès du président de la République et du Gouverneur de la région de Thiès. Il s’agit, selon le président Seck, de permettre aux opérateurs économiques d’avoir une idée des tenants et aboutissants des Ape et d’informer à leur tour les populations aussi bien urbaines que rurales.

Selon le conférencier, ces nouveaux accords devaient remplacer en 2007 les préférences non réciproques dont bénéficient les pays Acp (Afrique, Caïrabes et Pacifique). Apportant des éclairages sur les Accords de Cotonou, le conférencier a indiqué qu’ils ont une durée de 20 ans, à savoir de 2000 à 2020. Selon lui, le Sénégal, comme la majorité des Etats de la Cedeao, n’a pas signé les Accords de partenariat économique, alors qu’il reste encore 12 ans de Cotonou. Nous ne sommes pas encore prêts et nous disons non à l’Ape sous sa forme actuelle« , a martelé Papa Nalla Fall. Lequel a magnifié le non »historique" du chef de l’Etat du Sénégal. Selon lui, 40% des exportations et des échanges du Sénégal se font avec l’Europe, d’où l’importance de nos rapports commerciaux. Ceci est valable pour l’Afrique. Papa Nalla Fall dira qu’il est normal de revoir ces rapports avec l’Europe et de les regarder sous un angle beaucoup plus équilibré. A l’en croire, l’industrie même créée ne pourrait pas être compétitive par rapport à celle européenne. C’est pourquoi, dit-il, le chef de l’Etat a dit non.

S’agissant des recettes, le conférencier a donné l’exemple des recettes douanières engrangées récemment et qui sont estimées à 432 milliards de nos francs. Pour lui, la désindustrialisation porterait également un sacré coup si l’on n’y prend garde. Pour étayer son propos, Papa Nalla Fall déclare que si le marché est conquis par les produits venus de l’extérieur, il va sans dire qu’il y aura des pertes d’emplois.
« Si l’emploi diminue, le nombre de personnes cotisant à la Caisse de sécurité sociale diminuera forcément et c’est également le ratio relatif aux ayants droit qui s’en ressentira » , ajoute-t-il. Et de rappeler qu’il y a une vingtaine d’années, le ratio était de quatre cotisants pour un ayant droit, alors qu’il est actuellement de 100 ayants droit pour 1/4 de cotisants.

Nous disons non à l’Ape, mais oui pour un Accord de partenariat de développement, comme l’a clamé haut et fort le Président Abdoulaye Wade. Lequel refuse obstinément d’engager les générations futures dans un avenir incertain", conclut le conférencier.
On aura remarqué, par ailleurs, l’intervention fort pertinente du professeur Serigne Diop, qui déclare d’emblée : « dans les circonstances que nous vivons aujourd’hui, le sens de la responsabilité et du devoir s’impose ». Le ministre d’Etat reconnaît tout de même que depuis les indépendances à nos jours, les Etats africains ont engagé avec l’Europe un certain nombre de rapports, voire un partenariat. Selon lui, il ne s’agit pas de remettre en cause ces acquis, ou ces rapports commerciaux, mais au contraire, que ces mêmes pays africains ont également pour aspirations de dépasser ce stade pour devenir des pays développés.

Nous autres pays africains, nous devons former un bloc solide comme l’Europe, définir ensemble des politiques unitaires« , précise-t-il, avant de donner un exemple patent consistant à rappeler que l’Europe négocie à chaque fois avec l’Afrique par le biais de la Commission européenne et non par arithmétique des différents pays européens. »Quand nous discutons avec l’Europe, qu’on le fasse avec toute l’Afrique et non avec des régions d’Afrique", a encore déclaré le professeur Serigne Diop, qui prône un partenariat qui ne soit pas axé sur une logique commerciale seulement, mais plutôt sur celle d’une logique de développement.
Des questions-réponses et des contributions de qualité ont mis fin à la conférence.

Source : Le soleil du 05 février 2008

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