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CRISE ALIMENTAIRE DANS LES PAYS PAUVRES :« Ce sont les conséquences des Politiques d’ajustement structurel », selon un économiste de la Cnuced

Publié le 22 avril 2008

La situation de la crise alimentaire est au cœur des débats de la douzième session de la Conférence des Nations Unies pour le commerce et le développement (Cnuced) qui a ouvert ces portes ce dimanche, 20 avril 2008, à Accra au Ghana. Un économiste de l’organisation onusienne interpellé sur la question, relativise et impute la situation aux ajustements structurels.

Envoyé spécial)- Les institutions de Breton Woods ont, il y a une vingtaine d’année, imposé aux pays pauvres comme le Sénégal, des politiques drastiques. La crise alimentaire actuelle qui sévit à travers le monde est la conséquence de ces politiques.
C’est l’avis de M. Rolf Traeger, économiste à la Conférence des nations unies pour le commerce et le développement (Cnuced) qui a ouvert depuis ce dimanche 20 avril à Accra, au Ghana, sa douzième session. Dans le cadre d’une réunion d’échange que la représentation de la fondation Friedrich Ebert stiftung (Fes) Accra a tenu à l’intention des journalistes d’Afrique de l’Ouest et du Cameroun, M. Rolf Traeger impute cette situation de crise alimentaire aux Programmes d’ajustement structurel (Pas) des années 1980-1990.

Une politique qui, a-t-il rappelé, a provoqué la libéralisation dans la plupart des pays en voie de développement prônée principalement par la Banque mondiale et le Fonds monétaire international (Fmi). Ce qui a fait, à l’en croire, a fait que « les prix des produits de base y compris les prix internationaux des denrées alimentaires étaient déprimés ou à la baisse.

L’économiste de la Cnuced fait remarquer que cette libéralisation des prix locaux était appuyée par la libéralisation du commerce international. Une situation qui donnait aux pays en voie de développement et pays pauvres les moyens d’importer des denrées alimentaires notamment le lait, le riz, maïs et autres, à des prix plus bas que ceux pratiqués sur leur marché intérieur.

Selon lui, ce facteur n’avait pas pausé de problèmes pendant une longue période du moment que les prix étaient relativement bas sur le marché international. Cette facilité pour les pays pauvres d’importer des produits et denrées alimentaires à des prix très bas a favorisé la concurrence des produits européens subventionnés à ceux de leurs propres producteurs qui ont été souvent mis hors marché du fait qu’ils n’avaient pas les moyens de faire face à l’invasion des produits importés. Ce qui amène M. Rolf Traeger à concéder que : « la libéralisation commerciale brusque a mené à une réduction de la production nationale de plusieurs denrées alimentaires surtout avec le riz, le maïs, le blé... »

Ce qui, selon lui, explique le fait que les pays pauvres dont la capacité productive est très faible, soient exposés à la hausse des prix internationaux. A l’en croire, « c’est une situation que la Cnuced avait critiqué à l’époque mais nous n’avons pas été entendus ». Pour M. Traeger, bien que les gouvernements nationaux subventionnent une partie de leurs importations des prix des denrées alimentaires qui constituent parfois 70% du revenu disponible des couches les plus pauvres, ils n’ont pas généralement la capacité de faire face à cette situation d’une manière durable.

Renforcer les capacités productrices

Après un diagnostic sans complaisance de cette situation, l’économiste de la Cnuced a évoqué des mesures à court et long terme. Sur le long terme, il Convient, selon lui, de développer les capacités productives nationales. Ce qui, à ses yeux, est relatif à la capacité des agents nationaux, des entreprises nationales, paysans de produire avec des taux croissants de productivité pour devenir plus compétitifs. Pour parvenir à cela, M. Treger pense qu’il y a toute une série de politiques qui doivent être mises en œuvre. Il a ainsi noté la nécessité de
mener des activités de conseil aux producteurs et paysans sur les semences à utiliser, les techniques d’irrigation et des techniques culturales. A cela s’ajoute la mise en place des infrastructures rurales qui permettent aux paysans d’écouler leur production.
Pour l’économiste de la Cnuced, l’objectif de cette politique à long terme serait d’augmenter la sécurité alimentaire en renforçant la capacité productive du secteur agricole et agro-industriel de ces pays.

Concernant les moyens à court terme, M. Traeger invite à adopter la démarche épousée par certains pays dans le cadre d’accords régionaux en se mettant ensemble pour l’acquisition de leurs denrées alimentaires.
Selon lui, cette démarche peut permettre à ces pays vulnérables qui importent la plupart des produits qu’ils consomment d’avoir une force de négociation meilleure

Afin d’obtenir des prix très bas à l’importation. Sur cette même lancée, Rolf Traeger informe que la Cnuced a, dans le passé, eu tout un programme pour aider les pays en développement à rationaliser leurs achats de denrées alimentaires afin d’obtenir de meilleurs prix.

Source : Sud Quotidien du lundi 21 avril 2008

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