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CRISE ALIMENTAIRE DANS LE MONDE : Les organisations paysannes indexent les multinationales

Dans le diagnostic de la situation alimentaire, chacun se renvoie la balle. Les organisations paysannes africaines, elles, n’hésitent pas à pointer du doigt sur les multinationales qui s’activent dans l’agro-business.

Publié le 23 avril 2008

Les producteurs africains tiennent pour responsables de la crise alimentaire qui sévit dans le monde, les multinationales. Ces dernières qui évoluent dans l’agro-business ont été accusées d’être à l’origine de la situation de pénurie qui frappe les pays africains les plus dépendants des importations. Lors d’un forum tenu ce lundi 21 avril à Accra-Ghna dans le cadre de la douzième session de la Conférence des Nations Unies pour le commerce et le développement (Cnuced), ouvert dimanche dernier, les organisations paysannes ont tenté de montrer « Comment l’agro-business peut provoquer une crise ».

Babacar Ndao, Appui technique du Réseau des organisations de paysans et producteurs de l’Afrique de l’Ouest (Roppa), avance que : « l’objectif de cette rencontre c’était de montrer à quel point la situation actuelle tient de la responsabilité des transnationales qui provoquent des crises quand et où elles veulent ». Selon lui, les grandes firmes font parfois de la « rétention de matières premières ». « On ne peut pas comprendre qu’on dise que l’Inde ou les Philippines n’exportent plus de riz alors que des paysans indiens se suicident faute de vendre leur production ».

Cependant, se borner à dénoncer les multinationales serait un peu simpliste, aux yeux de l’appui technique du Roppa. Il pense ainsi qu’il va falloir que les paysans prennent leur responsabilité. « Nous ne pouvons pas constituer l’écrasante majorité de la population et continuer à toujours souffrir le calvaire dans des pays qui, malheureusement, quelque soit leur bonne volonté, n’ont pu réussir à satisfaire ce qui est essentiel notamment la sécurité alimentaire ». Il faudrait, à son avis, commencer par régler le problème de la faim.
Sur la même lancée, Mamadou Cissokho, président d’honneur du Conseil national de concertation des ruraux (Cncr) du Sénégal, estime que « la première violation des droits de l’homme c’est la faim ». Selon lui, il faut amener toutes les institutions internationales à respecter le droit à l’alimentation. Malheureusement, « on constate que nos Etats ne sont pas en mesure d’assurer la sécurité dans nos pays », ajoute-t-il. Babacar Ndao enfonce le clou en déclarant qu’« On ne peut pas comprendre que nous constituons 65 à 70% de la population en Afrique de l’Ouest, que nous disposions d’autant de ressources humaines, que nous participions pour 35 à 46% dans les Pib de nos Etats et que les ministres des finances de l’Union africaine disent qu’ils ne peuvent pas mettre 10% du budget dans l’agriculture ». Devant l’inexplicable, Ndao pense que le moment est venu de s’attaquer à ce système ou « mafia » qui ne dit pas son nom. Pour lui, « la grande contradiction du monde c’est que ceux qui produisent de la nourriture sont très pauvres alors que ceux qui les vendent sont plus que riches ».

Pour leur part, les industriels qui ont participé à cette rencontre ont, à travers leurs interrogations, soupçonné une volonté des agriculteurs africains de vouloir lier la crise alimentaire à l’agro-carburant. Un postulat qui, selon M. Ndao, n’est qu’une manière pour les industriels de semer la confusion du moment que les producteurs africains n’ont jamais fait ce rapprochement. Pour lui, « ce qui n’est plus acceptable c’est de laisser les agro-business mener le monde par le bout du nez ».

Source : Sud Quotidien du mardi 22 avril 2008

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