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Autosuffisance alimentaire au Sénégal : Appel au sursaut populaire

Publié le 16 avril 2008

Mis en place par des organisations de producteurs agricoles, d’opérateurs économiques, de la société civile, de sénégalais de la diaspora et d’experts de divers horizons depuis la mi-février dernier, le mouvement citoyen pour l’autosuffisance alimentaire, Développement et l’Intégration (Adi), vient de monter son antenne régionale de Thiès. Ce fut en la présence de leur parrain Hamath Sall, ministre de l’Agriculture du Sénégal.

Selon le président national de l’Adi, Amar Yaya Sall, un émigré sénégalais venu des Etats-Unis d’Amérique, le but principal de leur association est de participer concrètement à la mise en œuvre de la politique du président Abdoulaye Wade dans sa quête de l’autosuffisance alimentaire. « Alors, nous invitons nos compatriotes à un sursaut populaire large et durable en vue de réaliser cet objectif majeur sur la marche de notre pays vers son développement économique » lance-t-il. En visant à porter le taux de croissance du Sénégal à deux chiffres, les années à venir, il faut obligatoirement passer par produire l’essentiel des besoins alimentaires dont le coût d’importation est d’environ 200 milliards de FCFA. « Or, tous les experts sont unanimes sur le fait qu’en réglant cette hémorragie en devise, le Sénégal va atteindre allègrement un taux de croissance à deux chiffres qui l’engage sur le chemin du développement » martèle Amar Yaya Sall.
C’est dans ce sillage que l’unité laitière des femmes éleveurs de la région de Thiès, installée à Keur Issa, un village rattaché à la commune, a permis au ministre de l’agriculture de discuter avec les responsables du Directoire des femmes en élevage (Dirfel).

Selon la présidente Anta Dadel Ba, la capacité de traitement de leur unité est d’environ 350 litres de lait par jour. « Toutefois, aujourd’hui, nous traitons 140 litres par jour, faute d’une matière première qui se fait rare compte tenu du mauvais hivernage et le manque de pâturages dans la région au point que l’essentiel du cheptel a transhumé très tôt cette année » confie-t-elle. C’est pourquoi, elle a lancé un appel aux autorités pour avoir en quantité et à temps de l’aliment de bétail.
Sur toutes ces brûlantes questions liées à un mauvais hivernage qui a débouché sur une chute drastique des récoltes et un déficit vivrier important du côté du bétail, le ministre de l’Agriculture Hamath Sall a apporté des informations utiles pour apaiser les craintes des uns et des autres. En ce qui concerne le déficit vivrier à combler, il indique que dès octobre dernier, le gouvernement a constaté de manière générale que les résultats de l’hivernage seraient largement en deçà des espoirs escomptés. Ainsi, dès novembre, le gouvernement a lancé une enquête en vue d’évaluer de façon exhaustive la situation alimentaire dans chaque communauté rurale du pays aussi bien pour les hommes que le bétail. « Au sortir de la mise sur pied d’un comité interministériel présidé par le Premier ministre, une seconde évaluation a été lancée pour approfondir les esquisses de la première enquête » explique Hamath Sall. C’est dire que les autorités gouvernementales ont une perception réelle de la situation dans chaque localité et qu’un premier stock de vivres d’urgence est constitué. « Nous savons que la période soudure sera plus longue et plus dure dans le monde rural, mais les mesures idoines et efficaces sont entrain d’être prises pour juguler le mal » confie-t-il.

Et, au-delà de ces actions ponctuelles d’urgences, le ministre de l’Agriculture est revenu sur l’approche stratégique qui vise à rompre le cercle vicieux dans lequel notre agriculture se trouve ces dernières trente années : tributaire des aléas de la pluviométrie. Il a en outre abordé la question centrale de la maîtrise de l’eau ; le premier et véritable combat à mener et à gagner, si le Sénégal veut avoir une agriculture performante.
Sur ce point, plusieurs techniques adaptés à notre pays ont été égrenées parmi lesquelles celles du goutte à goutte et de l’aménagement des terres de la vallée du fleuve Sénégal et du Bassin de l’Anambé qui occupent une place de choix notamment dans la production de riz. Pour les autres spéculations de rente ou vivrières, la recapitalisation du capital semencier se fait progressivement et à l’horizon 2011-2012, des semences certifiées vont couvrir l’ensemble des besoins. « Le processus est déjà entamé et se poursuit » rassure Hamath Sall.

Source : Soleil du 04 mars 2008

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