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Situation de l’arachide au Sénégal : Le Dg de Novasen exige des assises nationales pour redresser la filière

Publié le 16 avril 2008

Le secteur arachidier a besoin d’une réforme en profondeur pour que la filière retrouve son lustre d’antan. C’est le sentiment de Souahibou Gaye, directeur général de la Novasen qui, dans l’entretien qu’il nous a accordé, décrie le système dit ‘carreau usine’ institué depuis 2000 au Sénégal. Il en appelle à la tenue d’assises nationales sur la filière arachidière, mais aussi se désole de l’inefficacité du Comité national interprofessionnel de l’arachide devant la crise que connaît le secteur.

Wal Fadjri : Comment analysez-vous la situation de la filière arachidière au Sénégal ?

Souahibou Gaye : Tout à fait au début, avant l’installation du système ‘carreau usine’, vous entendiez toujours ‘traite bi taxaw na’ (Ndlr : la traite a démarré). Il y avait des industriels qui créaient des seccos au niveau des villages, faisaient des financements au niveau des villages et les villageois vendaient leurs produits au niveau des seccos. Mais, depuis l’alternance, on a bouleversé le système, en instaurant ce qu’on appelle le système ‘carreau usine’. Le carreau usine, c’est quoi ? Un opérateur semencier qui n’a jamais pratiqué les graines, qui a des moyens ou bien qui peut aller à la banque et avoir un financement et qui part dans un louma où il achète les graines à 100 F Cfa, parce qu’il a une possibilité financière et revend ces graines aux huiliers à 170 F Cfa, plus la subvention du gouvernement. Ce qui constitue deux pertes pour le paysan qui ne pourra pas vendre ces graines à 150 F Cfa, mais les vend plutôt à 110 F Cfa. Il perd donc 40 F Cfa. Au même moment, l’opérateur semencier qui achète les graines à 110 F, les revend à 170 F au niveau des usines. Ceci provoque une perturbation totale du circuit. Mais, avant de parler de la commercialisation, je crois qu’on devait, au début, commencer par les semences. C’est du tout-venant, les semences. Les tout-venants, c’est ce que l’on collecte au niveau des semences ; c’est ce que l’on reprend pour le remettre aux paysans. Ils revendent ces graines pour aller dans les villes, acheter ‘de bonnes graines’. Au Sénégal, on a l’habitude de parler d’états généraux, mais je crois qu’il est grand temps que les initiés, les vrais connaisseurs qui sont dans ce pays, qui n’ont fait que l’arachide se parlent…. Pourquoi ne pas créer les conditions nécessaires pour que ces gens-là s’unissent et réfléchissent autour de cette question ? Sinon, il y aura la disparition totale de l’arachide. Et cette année, ça a commencé. Il faut tenir des assises nationales sur l’arachide, en impliquant l’ensemble des partenaires et des acteurs concernés, les huiliers, les paysans, je ne parle pas des associations, parce qu’aujourd’hui, il y a beaucoup d’associations. En brousse, parfois, les paysans ne connaissent même pas les noms des gens qui les représentent. Et ces gens-là parlent au nom des paysans. Pour ces assises, je parle des vrais paysans.

Aujourd’hui, c’est une question fondamentale ; il faut que les gens se réunissent et qu’on débatte, d’une manière très approfondie, de cette question de l’arachide, sinon c’est la disparition.
Wal Fadjri : Et le comité national interprofessionnel de l’arachide dans tout ça, ne s’acquitte-t-il pas correctement de son rôle de régulation ?
Souahibou Gaye : Le comité national, c’est un prolongement de l’Etat, parce qu’ils ne font qu’appliquer les directives de l’Etat. Apparemment, vous allez croire que ce sont eux qui fixent les prix, qui définissent les règles du jeu. Ils ne fixent rien, ils ne définissent rien. Il y a beaucoup de non-dits. Le Cnia, ce sont des gens de bonne volonté qui sont là, mais, une fois de plus, ça ne peut pas résoudre la question. La question, c’est autre chose et, eux-mêmes le savent, mais ils ne le diront peut-être pas.

Source : Walf du 13 février 2008

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